Le reflux gastro oesophagien
Le reflux gastro oesophagien est la remontée passive du contenu gastrique dans l’oesophage. Il peut être extériorisé (régurgitations) ou non. Il s’agit d’abord d’un phénomène physiologique, qui devient pathologique lorsqu’il est à l’origine d’une gêne, et/ou de complications. Ce phénomène physiologique est d’autant plus marqué chez le petit nourrisson, en raison des multiples facteurs associés : immaturité digestive et neurologique, alimentation exclusivement liquide, faible tonus axial et position le plus souvent allongée, œsophage « court »…
Au delà du problème de gestion du linge qu’il peut occasionner (…), le reflux peut altérer nettement le quotidien des enfants et de leur famille du fait des douleurs qu’il engendre alors. Le plus souvent, le reflux s’accentue dans les premières semaines de vie, puis diminue progressivement à mesure que l’enfant grandit. Rares sont les enfants qui sont encore gênés après l’âge de 2 ans.
Le reflux peut être évident cliniquement, ou suspecté devant des signes indirects, aussi divers que des pleurs, un torticolis persistant, une alimentation limitée, des infections respiratoires ou ORL récidivantes, un asthme difficile à équilibrer… Il peut être un symptôme digestif isolé, ou stigmate d’une affection sous-jacente à rechercher, comme une allergie aux protéines du lait de vache ou une oesophagite à éosinophiles chez le plus grand enfant. Dans certains cas, on pourra aussi rechercher une anomalie anatomique congénitale (rare) expliquant la persistance du reflux malgré la croissance de l’enfant.
Des examens complémentaires sont parfois nécessaires : la pHmétrie oesophagienne (enregistrement du pH oesophagien à l’aide d’une sonde reliée à un boitier pendant 24 heures, en ambulatoire) permet d’objectiver l’acidité, et est essentiellement indiquée lors de signes indirects de reflux (respiratoires). La fibroscopie haute sert à diagnostiquer l’oesophagite, complication du reflux (donc argument indirect), une éventuelle hernie hiatale, ou encore une oesophagite à éosinophiles. Cet examen est en général réalisé sans anesthésie jusqu’à environ 6 mois (compte tenu de la rapidité du geste), puis sous anesthésie générale.
Sur le plan thérapeutique, il convient dans un premier temps de vérifier les habitudes quotidiennes et alimentaires : nombre d’alimentations, volumes, le cas échéant modalités de reconstitution du lait artificiel, mode de couchage, portage, etc… Si un traitement médicamenteux s’avère nécessaire, la démarche doit être progressive, et fait appel aux pansements antiacides, aux antisecrétoires de type antiH2, et aux inhibiteurs de la pompe à protons. L’augmentation de prescription de cette dernière classe médicamenteuse a été exponentielle sur les dernières années, et est probablement reconduite de manière excessive dans un certain nombre de cas. C’est pourquoi il reste primordial de se poser régulièrement la question de la possibilité de l’arrêt du traitement médicamenteux.
L’objectif de l’évaluation du reflux est toujours de servir l’enfant, en recherchant une affection sous-jacente éventuelle, et en mesurant les explorations et attitudes thérapeutiques nécessaires, sans être délétère.
Dr. Gaëlle LE HENAFF le 08/03/13
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